Avis Pryce naquit le matin du treize août deux mille six, dans une mignonne petite maison située dans la campagne du Pays de Galles. Ses parents, Jack Pryce et sa femme furent ravis d'accueillir cet enfant tant attendu. En effet, les deux jeunes gens ne pouvaient compter que l'un sur l'autre, tous deux ayant rompu le contact avec leur famille respective, et la perspective de créer la leur les enchantait. Ils nommèrent leur fille d’après le sortilège favori de sa mère : Avis, l’apparition de petits oiseaux.

Le bonheur des Pryce fut cependant de courte durée : alors que la plupart des petits sorciers démontrent des signes de don pour la magie vers l'âge de un ou deux ans, leur petite Avis semblait être... un bébé parfaitement normal. Une Cracmol, comme l'appelait sa mère.
La mère d’Avis, une sorcière de Sang-Pur, avait renoncé au prestige de son rang pour se marier avec Jack, un Moldu pour qui elle avait eu le coup foudre lorsqu'ils s'étaient heurtés sur la place bondée de son village natal. Par amour, elle avait renié son Sang et les convictions avec lesquelles elle avait été élevée ; tout ce qu'elle avait désiré alors, c'était de vivre une vie heureuse avec son jeune époux. Mais rien ne l'avait préparée au déshonneur dont elle se retrouvait maintenant affligée : jamais elle n'avait imaginé pouvoir donner naissance à autre chose qu'un enfant immensément doué pour la magie.
La normalité absolue d'Avis la plongea dans une dépression profonde et la poussa à remettre tous ses choix de vie en question. Peut-être n'est-il pas trop tard pour faire marche arrière ? Peut-être sa famille consentirait-elle à l'accepter à nouveau, si elle se repentait ? Elle avait fondé tant d'espoirs dans cette petite ! Cette petite Cracmol ! Cette honte ! C'était la faute de Jack, entièrement de sa faute, si elle avait accouché d'un être inférieur, indigne d’être sa fille.
Rongée par la honte, Mrs Pryce mit rapidement et brutalement un terme à son mariage. Sans laisser de trace, à part un mot qui souhaitait « Bonne chance » à son époux, elle disparut, abandonnant le père et la fille sans culpabilité apparente.

L’enfance d’Avis ne fut pas l’une des plus joyeuses. Leur isolement, à son père et elle, suite à l’abandon de sa mère, pesait fortement sur la relation du père et de sa fille. Jack n’avait jamais clairement exprimé son ressentiment, mais, par de nombreuses actions, il laissa entrevoir à Avis à quel point il la tenait pour responsable de l’échec de son mariage.
Convaincu que son ex-épouse avait raison, que sa fille ne serait jamais une sorcière, il s’était résolu à inscrire Avis dans une école Moldue. Ces années furent pénibles pour Avis, qui était le souffre-douleur favori de ses camarades. En effet, ceux-ci la qualifiaient de « bizarre », et de… « sorcière ». Avis souffrait particulièrement de ces remarques assassines, voulant plus que tout rétorquer qu’au contraire, elle était normale, à son plus grand désespoir.
Seulement, vers l’âge de dix ans, certaines manifestations étranges se déroulèrent lorsqu’Avis ressentait de fortes émotions – le plus souvent du chagrin – et les quolibets n’en augmentèrent que davantage. Un jour, alors que les lèvres des élèves qui s’étaient encore moqués d’elle s’étaient scellées inexplicablement, l’institutrice contacta Mr Pryce. Avis, en pleurs, malgré les remontrances de sa maîtresse et de son père, ne sut pas expliquer par quel phénomène ses camarades s’étaient soudain tous retrouvés muets. Mais, secrètement, une petite voix au fond d’elle s’en félicitait, soulagée, sachant qu’elle en était la responsable.

Le jour de ses onze ans, apportée par un hibou, une lettre arriva chez Mr Pryce. Avis se souvient encore, des années plus tard, du visage choqué, triste et en même temps furieux qu’affichait son père, tandis que ses yeux allaient et venaient d’un bout à l’autre du parchemin.
« C’est une blague, ce n’est pas possible autrement ! » s’était-il insurgé avant de jeter le papier sur la table, éclaboussant Avis de ketchup quand il atterrit dans son assiette. La fillette, intriguée, plissa le front et, la langue entre les dents, se mit à lire ce qu’elle qualifie aujourd’hui encore comme la plus belle chose qu’elle ait jamais lue. Sa lettre d’admission à Poudlard – l’école dont lui avait tellement parlé son père, lui rabâchant qu’elle n’y serait jamais acceptée, et que c’était pour ça qu’elle ne connaissait pas sa mère, qu’elle n’avait pas été digne d’être sa fille.
Cependant, après plusieurs relances de la part de l’école, Jack Pryce dut bien admettre que sa fille était effectivement une sorcière. Comment sa femme avait-elle pu se tromper à ce point ? Reviendrait-elle au foyer si elle savait ? Avis et son père nourrissaient désormais les mêmes désirs, mais chacun en secret.

Depuis son entrée inespérée à Poudlard, Avis se plie en quatre pour se faire des amis : toujours prête à rendre service, même lorsqu’on ne lui demande rien, toujours en train d’organiser des jeux et des goûters où elle se retrouve bien souvent seule, elle ne démord pas de son envie de se faire apprécier, et même aimer, dans ses rêves les plus fous.
Sa plus grande ambition est de rendre son père fier d’elle, de lui démontrer qu’elle pourra être une grande sorcière, qu’elle pourra faire honneur à sa mère, qui serait alors prête à les retrouver, elle et son père, pour qu’ils puissent enfin avoir la vie de famille qu’ils auraient dû avoir. Malheureusement pour elle, Avis n’a jamais su se montrer très brillante dans aucune des matières enseignées à Poudlard, à part l’Histoire de la Magie et l'Etude des Moldus.
Depuis sa deuxième année, elle se présente, à chaque rentrée, aux essais organisés par l’équipe de Quidditch de Gryffondor, dans l’espoir de l’intégrer, mais ses performances très moyennes sur balai ne le lui ont jamais permis. « L’année prochaine, j’y arriverai ! Et je pourrai me faire des amis ! »

Avis est quelqu’un de foncièrement gentil, elle s’efforce de toujours se montrer souriante et optimiste, de ne jamais s’attarder sur un échec – car elle en rencontre souvent – afin d’avancer toujours la tête haute, même si, au fond d’elle, la solitude et le manque de reconnaissance la rongent.
La jeune fille avait espéré, à son entrée à Poudlard, qu’elle saurait se faire des amis beaucoup plus facilement qu’à son école Moldue. Elle avait décidé d’aller au-devant des gens, de les solliciter, de se faire remarquer, de proposer de rendre des services pour se faire apprécier d’eux. Mais Avis n’a pas réellement d’amis, au mieux des gens qui tolèrent sa présence plus facilement que d’autres. Même si de nombreuses personnes se rient d’elle et profitent de sa naïveté, Avis sait rester positive en continuant de ne voir que le bon dans chacun.

Si seulement elle pouvait hurler à la terre entière qu’elle est une sorcière ! Avis est persuadée qu’elle s’attirerait la curiosité et peut-être même l’amitié de beaucoup de personne ! Et puis, si le Secret était rompu, elle n’aurait plus à se soucier d’utiliser ses pouvoirs par mégarde, comme cela lui était déjà de nombreuses fois arrivé.