Miss Pryce, miss Pryce, miss Pryce...

Sa longue cape en fourrure de renard sur les épaules, le garçon descendit les marches menant au parc. Un enchantement de réchauffe lui gravitant autour, les flocons de neige fondaient à quelques centimètres de sa chevelure rose, avant même qu’ils ne puissent se poser. Il valait mieux éviter d’attraper froid, après tout un Préfet se devait d’être en bonne santé pour surveiller au mieux les petits délinquants de Poudlard.

C’est pourquoi il commença sa vadrouille sur le premier chemin menant au lac. Sa main gauche gantée en peau de dragon, il tenait fermement sa baguette magique éclairée par le sortilège de lumière.

- Tu n’as rien à faire ici, lâcha-t-il d’un ton sec en voyant une chevelure dépassé d’un chêne. Lumos Maxima, souffla-t-il.

Il s’approcha d’un pas assuré puis pointa sa baguette magique sur le visage de la concernée.

- Je suis Préfet et aucun zigoto de ton genre ne doit se trouver à une pareille heure à l’extérieure, surtout en ces temps glaciales…

Il fit une pause, observant avec détail chaque centimètre carré du visage de sa proie.

- Ah mais, tiens donc.

Warren fit une pause. Il esquissa un sourire narquois, prenant bien soin, de son autre main, de tirer l’écharpe de la gamine vers lui.

- Je peux savoir ce que fait miss Pryce en ces lieux ? Ton préfet ne t’as pas expliqué qu’il était formellement interdit de traîner à une heure pareille ? Miss Pryce, miss Pryce, miss Pryce… finit-il, un sourire toujours aussi narquois sur ses lèvres.

- Tu vas avoir bien des soucis, lui susurra-t-il en prenant bien soin de prononcer chaque mot distinctement.

Warren tenait son rôle à cœur. Ayant un profond respect pour la direction et les lois de l'école de sorcellerie Poudlard, il avait mené une rude campagne en cinquième année d'étude, gagnée haut la main lors des élections de préfets.

L'heure du dîner était largement dépassée, lorsque Avis décida qu'il était grand temps d'aller vérifier si tout était en place. Tout devait être parfait, tout le monde devait être émerveillé, c'était enfin l'idée du siècle et la jeune fille comptait énormément dessus. Le lendemain, samedi matin, elle avait organisé une grande chasse aux trésors, y participerait qui voudrait. Elle avait distribué tracts et invitations à chaque pause et elle avait placardé les tableaux d'affichage de chacune des salles communes, ainsi que celui de la Grande Salle. Oui, il fallait que Avis Pryce s'assure que chacun de ses indices était toujours à sa place.
Elle avait promptement enfilé sa vieille cape rapiécée, son bonnet en laine et ses moufles, avant de se faufiler à pas précipités hors de la tour des Gryffondor.
Une partie de son parcours prendrait place à l'orée de la Forêt Interdite, pour les plus courageux ; et ce fut par là qu'elle avait débuté ses vérifications.

Pour les autres, en revanche, les recherches se dérouleraient tout autour du lac. Avis était en train de fouiller la cavité du tronc d'un chêne lorsqu'elle entendit des pas approcher. Prise d'une panique soudaine, elle fit de son mieux pour se dissimuler derrière l'arbre centenaire. Le rai de lumière qui l'éblouit et la voix qui s'adressa à elle lui permirent cependant de comprendre qu'elle avait échoué.
Cette voix. Elle la connaissait bien. Elle en était une douce musique à ses oreilles. Malgré l'embarras dans lequel elle était vautrée, Avis ne put réprimer un sourire. La jeune fille sortit de sa cachette et fit face au Préfet.

- Bon... Bonsoir Warren ! dit-elle d'un ton exagérément enjoué. Ne bafouille pas devant lui je t'en suppliiiiiie !

La menace que proféra le jeune homme fit monter le sang aux joues de la Gryffondor. La honte, pourquoi fallait-il que ce soit lui qui te trouve?

- Je suis désolée ! reprit-elle, plus fort qu'elle ne l'aurait voulu. Je devais seulement... seulement voir... des... des trucs. Tu as entendu parler de la chasse aux trésors de demain ? Elle se tut, se réprimandant intérieurement. Comme si ça allait l'intéresser, il est beaucoup trop cool pour faire des trucs comme ça ! Je rentre tout de suite. Désolée.

Un sourire d'excuse et les yeux implorant, Avis avait fait un pas en arrière, en espérant pouvoir s'enfuir aussi vite que possible. Plus vite elle serait rentrée, plus vite elle pourrait aller étouffer sa honte sous son oreiller.

- La fameuse chasse au trésor, lâcha Warren en esquissant un sourire amusé.

Il lâcha sa proie et détourna le regard pour voir si personne ne s'approcher dans le chemin principal. Visiblement le concierge avait autre chose à faire que de trainer à l'extérieur. En même temps, c'est un sale cracmol, se dit le Serpentard en soupirant.

Il se retourna à nouveau vers Avis et l'observa un bref instant avant que le tronc du chêne attire son attention. Elle était donc là, en pleine nuit, à cacher des objets ici et là ?

C'est en grinçant des dents que le grand garçon s'approcha légèrement de l'arbre, le regard toujours posé sur la demoiselle.

- Je te préviens, gamine. S'il s'agit d'une plante, potion, parchemin, ou tout autre objet classifiés comme dangereux par la loi officielle du Ministère de la Magie... Le Directeur va entendre parler de toi. Ce soir.

Les sourcils froncés, sa main fouillait la cavité du tronc, provoquant alors un bruit de cliquetis. En sortie une boussole argentée, qui n'indiquait pas les points cardinaux habituels mais des chiffres romains allant de I à XII.

Warren secoua la tête et la jeta par terre, celle-ci s'écrasant lamentablement au sol.

Il s'approcha alors d'un pas vif vers Avis, le regard menaçant, agitant au passage sa baguette magique qui fit volatiliser les flammes enchantées. Le température, glaciale, allait à présent les submerger. Mais peut-être que l'étreinte de Warren allait réchauffer sa proie? Il la serra extrêmement fort puis la poussa d'un coup sec contre le tronc du chêne.

Tandis que ses lèvres frôlaient délicatement le lobe d'oreille droit de la jeune fille, il prit soin de lui murmurer un doux Tu ne rentreras pas. Pas encore. avant de fermer son fin poignet entre ses doigts et appuyer le bout de sa baguette magique contre l'estomac.

- Je t'ai vu la dernière fois. Même heure, même endroit. Tout le monde parle de ta chasse aux trésors... Tu penses vraiment qu'elle intéresse quelqu'un ?

Il s'arrêta un instant et appuya un peu plus fort sur son ventre.

- Tu entends ? Personne ne s'intéresse à ta pauvre chasse aux trésors... Et tu appelles ça... un trésor ? Une boussole ?

Il éclata d'un rire nerveux, toujours collé à son oreille.

- Miss Pryce... Miss Pryce... Je crois que tu n'as pas bien compris ce que signifiait le mot in-ter-dit, continua t-il en prenant une profonde inspiration. Cite moi la règle n°175 du décret de Poudlard... Je t'écoute.

Un soupçon d'empathie se cachait derrière ses derniers mots...

Avis crut avoir trouvé de quoi distraire Warren : ainsi, il avait effectivement entendu parler de sa chasse au trésor ! Même Warren est au courant, la classe ! Elle le vit tourner la tête à plusieurs reprises, se demandant ce qu'il pouvait bien penser. Soudain, alors qu'il s'approchait du tronc, Avis sentit ses jambes défaillir. Elle aurait préféré qu'il reste tout près d'elle, empoignant ou non son écharpe aux couleurs de Gryffondor. Oh, pourvu que ça n'ait rien d'illégal ! se mit-elle à prier ; Avis n'avait jamais été très au fait du règlement de l'école.
Anxieuse, elle entendit la main de Warren trouver la boussole qu'elle avait précipitamment jeté dans le tronc. Le Serpentard l'examina un court instant puis la jeta par terre, sous les yeux éberlués de la jeune fille.

- Mais... murmura-t-elle, n'osant pas protester plus fort.

Des larmes lui montèrent aux yeux : elle avait entendu le verre de la boussole se briser et sûrement ne fonctionnerait-elle plus. Tant d'efforts gâchés... il allait falloir trouver un nouvel indice à placer ici...
La lèvre inférieure d'Avis tremblait sous le coup de l'émotion, et, toute occupée à contempler le désastre, elle ne s'aperçut pas que Warren s'était promptement rapproché d'elle. Elle ne leva les yeux qu'au moment où elle sentit la chaleur et la lumière des flammes s'évanouir, et, un minuscule battement de cils plus tard, les bras du préfet l'emprisonnèrent. Le cœur de la Gryffondor lui sembla s'arrêter pendant le court instant que l'étreinte dura.
Et, soudain, elle s'arrêta de respirer. Le choc de sa collision contre le tronc du chêne lui coupa le souffle. Warren venait-il réellement de la pousser, ou avait-elle simplement trébuché, déstabilisée par l'étreinte dont elle rêvait secrètement chaque fois qu'elle croisait ce tendre regard à la couleur d'une belle et croquante noisette ? J'ai jamais eu un très bon équilibre.

Les poignets fermement enserrés par les grandes mains de Warren, Avis, bien que ravie de ce contact rapproché, sentit monter en elle une peur indescriptible. Ses yeux recommencèrent de lui piquer et sa lèvre inférieure se remit à trembler furieusement, les larmes n'allaient pas tarder à poindre. La jeune fille se concentra sur l'agréable parfum qu'embaumait Warren et tenta d'inspirer profondément : si elle ne se calmait, ses larmes allaient sûrement mettre le jeune homme en colère, comme son père lorsqu'elle se mettait à pleurer.
L'extrémité de la baguette du Serpentard s'enfonçait de plus en plus sur le ventre de la jeune fille, alors que le souffle du garçon sur son oreille faisait se soulever les cheveux dans sa nuque.

- Je... je sais pas, Warren... aïe, tu me fais mal... osa-t-elle à peine souffler entre deux grimaces de douleur.

Le plus calmement qu'il lui était possible, elle essaya de se dégager de l'emprise de Warren, gigotant dans tous les sens dans l'espoir de libérer ses poignets. Si elle n'avait pas eu mal, elle aurait certainement tout fait pour faire durer ce contact inespéré.

- S'il-te-plaît... je... ce n'était pas la récompense... un indice... seulement un indice... stupide, je sais... complètement stupide...

Elle s'arrêta de bouger, se rendant compte avec horreur que de grosses larmes lui échappaient, pour couler sur ses joues rosies par le froid et la honte. Elle regardait par terre, comme si une trappe secrète s'y cachait et lui permettrait de disparaître à tout jamais. Il a raison... c'est idiot... Tout le monde doit se moquer de moi... Pourquoi fallait-il que ce soit lui qui me trouve là ? Oh, Warren, qu'est-ce que tu dois penser de moi ?

- La... la règle 175? sa voix chevrotait. Je ne sais pas... je ne sais pas, Wa... Warren, dé... désolée.

Tout en pleurant, elle sentit ses forces la quitter et son corps s'en remettre totalement à la force du jeune homme qui, désormais, la soulevait plus qu'il ne l'empêchait de s'enfuir. Le dos de la jeune fille s'éraflait contre le tronc à mesure qu'elle glissait vers le sol ; ses jambes n'avaient plus assez de force pour la soutenir.

- Je... me sens... pas très... bien...

L'arrière du crâne de la Gryffondor heurta le tronc à son tour. Elle était inconsciente, poupée de chiffon entre les griffes du Serpentard.

Les larmes d’Avis lui provoquèrent un sentiment de puissance indescriptible. C’était le moment idéal pour assouvir ses plus profonds désirs, contrôler, dominer, prendre le dessus, sans que personne ne puisse l’arrêter.

- Miss Pryce, tu devrais vraiment connaître les lois de l’école… Mais… détends toi, lui conseilla t-il en prenant soin de la poser au sol.

Dans la pénombre, quelques jolies fleurs jonchaient le sol, la tête d’Avis écrasant alors l’une d’elles. Par dessus, Warren parcourait, un léger sourire en coin, chaque centimètre carré de sa peau du bout de sa baguette magique. Il n’avait plus aucune idée de ce qu’il y avait autour d’eux, ni même conscience de la notion du temps. Si la température baissait encore et encore, un feu imaginaire crépitait à l’intérieur de lui, comme si, à tout moment, il était capable de croquer et d’avaler la fille en une traite.

Avis était celle qu’il dénigrait au détour d’un couloir, celle qu’il jugeait du regard, accompagné ou non de ses confrères. Mais aussi celle qui, étonnamment, l’attirait, pour ses traits fins, son allure innocente. Il arrivait à Warren de s’imaginer avec elle, seuls et enfermés, à perdre le contrôle toute une nuit jusqu’à l’aube.

- Tu es si fatiguée, Miss Pryce… La chasse aux trésors te prend un tel temps, regarde, tu n’as plus d’énergie, continua t-il à murmurer tout près de son oreille, ses lèvres frôlant peu à peu le lobe, puis le cou… Il y déposa un baiser, avant de poser sa baguette magique sur le côté et remonter la main au niveau de sa hanche.

Il prit une profonde inspiration en prenant soin de sentir le parfum sucré d’Avis, toujours inconsciente. Et, tandis qu’il jouait doucement avec la braguette de celle-ci, un craquement retentit au loin. Il se releva instinctivement, récupérant avec vivacité sa baguette magique.

- Qui est là ?

Son ton se voulait menaçant. Non seulement, personne n’avait à trainer ici, hormis les préfets et le corps professoral. Mais surtout, on venait de le déranger dans ses petites magouilles. Il donna un léger coup de pied dans la cuisse d’Avis toujours allongée.

- Réveille toi sombre idiote. Ca suffit les gamineries, vociféra t-il en pointant cette fois sa baguette vers son visage. Aguamenti, ça devrait te faire du bien.

Un filet d’eau lui coula alors dessus.

- Tu es vraiment une sombre idiote. Lève toi et maintenant tu vas me dire exactement ce qu’il vient de se passer. Et… Me dire où sont tes autres indices. Debout. Je te suis. Aguamenti !

Avis remua légèrement et poussa un gémissement imperceptible. Quelque chose venait de heurter sa cuisse et cela avait créé une douleur qui se diffusait à présent dans toute sa jambe. Les yeux toujours clos, elle sentait comme une brûlure à l'arrière de son crâne ; que s'était-il passé ? Loin, très loin, il lui semblait entendre la voix d'un garçon. Warren ? Peu à peu, les choses se remettaient en place dans son esprit : elle avait glissé contre le tronc, s'éraflant le cuir chevelu, puis avait perdu connaissance. Une nouvelle plainte lui échappa.
Ses mains appuyaient contre le sol pour l'aider à se redresser mais, soudain, elles glissèrent, sans même avoir eu le temps de la soulever. Un jet d'eau s'écrasa sur son visage déjà engourdi par le froid et elle parvint à bloquer sa respiration juste à temps pour ne pas l'inhaler. Un hoquet de surprise la tira de son engourdissement et elle ouvrit enfin les yeux.

- Que... qu'est-ce que... Warren ! dit-elle, soulagée. Il est toujours là, avec toi...

Elle avait dû parler très faiblement car le jeune homme ne semblait pas l'avoir entendue. Il la traitait d'idiote, et, même si elle savait qu'il avait raison, elle en eu à nouveau les larmes aux yeux. Je sais... je sais...

- JE SAIS ! s'exclama-t-elle plaintivement.

Mais ses mots furent noyés sous une nouvelle avalanche d'eau. Elle se sentit pleurer à nouveau ; elle le méritait, que pouvait-on penser d'autre d'elle ? Rien, c'est tout ce que tu es et ce que tu seras toujours.
Tant bien que mal, Avis se dressa sur ses jambes, s'appuyant d'une main sur le tronc du chêne. Son équilibre était trop incertain pour le lâcher et Warren se fâcherait si elle se mettait à tanguer, elle en était certaine. Les regard fixé sur l'herbe noire et mouillée, elle tenta de calmer ses pleurs.

- Je ne sais pas... je ne sais pas ce qui s'est passé, Warren... Je me suis sentie mal... Dé-désolée, dit-elle dans un sanglot qu'elle aurait préféré plus discret.

La jeune Gryffondor leva les yeux pour regarder autour d'elle : il faisait nuit noire et l'heure du couvre-feu devait être largement dépassée, maintenant. Que dirait son père s'il apprenait ça ? Un frisson de peur la parcourut et les larmes coulèrent de plus belle.

- Mais... les indices sont éparpillés partout dans le parc... Warren... On en aurait pour des heures si je devais tous te les montrer... S'il-te-plaît... J'ai froid, j'aimerais rentrer... s'il-te-plaît... J'annulerai la chasse aux trésors si c'est ce que tu veux, je ferai n'impo-n'importe quoi... Warren, s'il-te-plaît...

Malgré la peur qui grandissait en elle alors qu'elle se tenait face au Préfet des Serpentard et les sanglots qui la secouaient, Avis ne pouvait s'empêcher d'apprécier ces instants où elle se trouvait seule en la compagnie du jeune homme. Elle adorait prononcer son prénom.

- Warren...

- Arrête de chialer, miss Pryce.

Il dit ça simplement en la tirant par le pull, les sourcils froncés et la marche assurée. Il se dirigeait vers le chemin opposé au château, bien déterminé à infliger une leçon à la fille. Il était hors de question de mettre un terme à sa punition, bien au contraire, il jubilait même de sa fonction de préfet qui donnait un caractère plus ou moins légitime à la situation.

- Je t’ai dit d’arrêter de pleurnicher, lâcha t-il d’un ton sec en tirant plus fort son pull.

Warren prit une profonde inspiration, l’air glaçant remplissant ses poumons, et s’arrêta enfin dans un grand espace vert du parc.

- Miss Pryce, sombre idiote de Pryce… Tu viens de quelle famille, hein ? J’imagine bien que tu ne sors pas d’une famille de Sang-Pur. Ca se voit sur tes traits…

Il explosa d’un rire nerveux et s’approcha d’elle, la lumière de sa baguette magique éclairant son visage. De son autre main, Warren caressa délicatement la joue d’Avis, un rictus sur ses lèvres. Son regard resta posé quelques instants sur ses yeux globuleux et finit par reculer doucement, la balayant de la tête aux pieds.

- Tu n’es pas une Sang-Pur, hein ? Tu nous ferais honte, lâcha t-il avec mépris. Demain, les préfets de ta maison seront mis au courant. Ensuite, Minerva McGonagall, l’idiote de Gryffonbousededragon, finira par te punir sévèrement. Et pour l’instant je vais te montrer un avant-goût de ce qui t’attends.

Le Serpentard fit une pause puis soupira.

- C’est vraiment plaisant, comme endroit. Tu ne trouves pas ?, lâcha t-il avant de s’approcher à nouveau, un sourire toujours aussi pervers et narquois sur ses lèvres. Bon… tes indices sont éparpillés de partout dans le parc, c’est ça ? Je vais te demander de me chercher celui qui est le plus proche nous, m’expliquer ensuite pourquoi tu l’as placé à cet endroit précisément et pas un autre… Et enfin, tu le détruiras devant mes yeux. Compris ?

Un sourcil relevé, il croisa les bras, la baguette magique toujours en main éclairant dans un large périmètre l'espace.

Miss Pryce...

Incandescente lumière blanchâtre tapissant les cieux aussi sombre que les iris ensanglantés d'une vipère affamées. Eilas, depuis la cime de la tour, scrutait les environs. Préfet de Serdaigle depuis peu, il aimait et appréciait les nouveaux pouvoirs dont il pourrait jouir allègrement au sein d'une école qui nourrissait la scrupuleuse envie d'ouvrir ses frontières aux êtres impurs et impénitents. Devoir côtoyer des sangs-de-bourbes était une véritable calamité par instant, ignares et incompétent dans l'art de la magie, voilà que des moldus se verraient jouir de violer l'antre sacrée de Poudlard ?

La lune était haute et éclairait avec bienveillance le magnifique parc, se reflétant avec nonchalance sur la surface du lac, elle pénétrer entièrement cette surface aqueuse pour être la seule admirée de tous ce soir là. Pourtant, lorsque ses mirabelles balayèrent la vue, une étrange lumière titilla sa rétine et rapidement Eilas fixa son attention sur celle-ci. Des élèves ? Un professeur ? Qui osait saccager la tranquillité de ces lieux et surtout qui serait assez fou pour bafouer les règles instaurer à l'école ? Un Gryffondor sûrement, ils adoraient faire ce qu'ils leur plaisaient, peu soucieux des conséquences qu'engendrait leur insouciance. D'un simple mouvement du poignée il fit apparaître son balais magique, ce soir il devait contrôler l'extérieur du château et rien de mieux qu'un des plus récent balais pour se déplacer en toute tranquillité et rapidité. (oui fuck you j'ai de la thune)

Grimpant sur ce dernier en amazone (sucezmescouilles je trouve ça moche à califourchon sur un balais!), il ne perdit aucune minute avant de voler délicatement au dessus du parc. Silencieusement, il tenta de démasquer les intrus avant de leur faire la surprise de sa présence : une Gryffondor ! Jackpot ! Eilas aurait dû parier des gallions, il aurait empocher un jolie pactole ! Elle n'était pas seule semblait-il, la lumière émanait de la baguette d'un jeune homme bien familier : l'amical Warren.

Dans un mouvement lent et précis, sa baguette exécuta une aérienne chorégraphie et libéra, dans sa mélodieuse danse, de timide flammes qui vinrent embrasser les torches jonchant de ci de là les bordures du Parc. Tamisant davantage les lieux, les deux individus étaient bien mieux visibles ainsi et sûrement surpris de voir les torches s'allumer par enchantement, le garçon entama une lente descente vers les élèves. Toujours assis sur son balais, sa longue cape bleue nuit pendait par derrière, virevoltant avec elle le bout d'une interminable écharpe emmitouflant le cou et une partie du visage du Serdaigle. Volant à quelques mètres au dessus d'eux, il ressemblait davantage à une vieille sorcière venue dévorer des enfants qu'à un préfet censé assurer la sécurité des élèves.

— « Toujours et encore une Gryffondor qui traîne dehors alors que le couvre feu est passé depuis bien une heure maintenant... Et en plus de ça tu n'as pas perdu de temps pour te faire attraper par Warren... »

Il regarda son ami et esquissa un sourire partiellement masqué par son écharpe. Ce Serpentard ne perdait jamais une minute pour mettre la main sur les têtes brûlées, encore moins lorsqu'il s'agissait d'une délicieuse enfant comme Avis qu'il adorait maltraiter : faisait-il ça pour se procurer du plaisir ou l'apprécier-t-il au fond ? Eilas avait bien vu cette main tendre et se rapprochement étrange avant qu'il allume les torches. Les avaient-ils coupés en plein rendez-vous galant ? Non, sinon ça aurait été stupide de la part de Warren de signaler sa position avec le sort Lumos et il était loin d'être un sorcier stupide.

— « Je vous dérange pas au moins Warren ? Elle est venue faire quoi ici avec le temps qu'il fait ? »

Il posa son regard sur Avis et remarqua qu'elle était largement mouillée, avec ce froid, elle attraperait un délicieux virus qui la clouerait au lit pendant une bonne semaine. Il l'interrogea :

— « Ne me dit pas que t'es venue te baigner avec un temps pareil, d'ailleurs pourquoi t'es trempes comme ça ? T'es pas venues chercher des problèmes aux sirènes j'espère ! »

Fidèle à lui même, il demeurait loin d'être amical et veillerait à ce les sanctions adéquates tombent en temps et en heure, avec l'appui de son vieil camarade, évidemment.

Avis avait beau implorer, Warren ne semblait pas l'entendre, et, empoignant son pull détrempé, il la traînait avec lui, l'éloignant toujours plus du château. La jeune fille continuait de pleurer, tentant de dissimuler ses sanglots dans son écharpe. Warren lui ordonnait de cesser, mais tout ce qu'elle pouvait faire, c'était s'excuser. Il a raison, je ne suis qu'une sombre idiote... comment pourrait-il penser autre chose de moi ?

- Je... ma mère est... une sorcière... répondit-elle entre deux crises de larmes. Mon père est un Moldu, je vis... seule avec lui...

Oh, elle savait que ce n'était pas du tout une réponse qui plairait au jeune homme, mais elle était persuadée qu'il aurait su déceler un mensonge de sa part.
Et voilà qu'il se moquait d'elle. Le rire de Warren lui fit l'effet de cent poignards qui la traversaient. Avait-il compris que ses mots venaient de la meurtrir plus qu'aucun autres mots n'auraient pu le faire ? Le contact de ses doigts sur sa joue apaisèrent Avis un instant. Jusqu'à ce qu'il les ôta et l'examina d'un regard dans lequel elle lut le profond mépris qu'il devait désormais éprouver pour elle. Avis aurait aimé disparaître.
Oui, elle ferait honte à des Sang-Pur. C'était bien pour cela que sa mère avait quitté son père et s'était enfuie sans laisser de traces, après tout, non ? Des larmes silencieuses innondèrent les joues de la Gryffondor et elle hocha lentement la tête, approuvant les prédictions du Serpentard. Bien sûr, elle serait punie, il ne pouvait en être autrement. Elle méritait tout ce qui lui arrivait, il avait raison. Il avait raison sur toute la ligne.

Quand Warren s'approcha à nouveau d'elle, un frisson d'appréhension la parcourut. Qu'allait-il faire, cette fois ? La gifler ? La pousser au sol ? Ou bien... m'embrasser ? Quelle sotte... Comment pouvait-elle encore espérer cela ? Le préfet des Serpentard la prenait pour ce qu'elle était : une écervelée de quatrième année qui n'attirerait jamais quelqu'un comme lui... Le sourire du jeune homme lui donnait envie d'acquiescer : oui, c'était agréable, malgré tout... Tant que je suis avec toi...

- Mais... Warren..., répondit-elle alors qu'il lui ordonnait de chercher l'indice le plus proche. C'est... c'est au bo- au bord du lac...

Encore des sanglots. Sa chasse aux trésors était ruinée, elle le savait. Et elle serait encore une fois la risée de toute l'école... Elle qui avait simplement voulu se faire de nouveaux amis... Comment parvenait-elle aussi souvent à se créer des ennuis, à se mettre dans l'embarras ? Une vraie bonne à rien... Résignée, elle soupira et fit un un pas en avant.

- Suis-moi, alors...

Mais, avant qu'elle put poser le pied au sol, une soudaine clarté les entoura. Les torches qui éclairaient le parc jusqu'à l'heure du dîner venaient de se rallumer. Ils venaient de se faire repérer, et Avis allait certainement être expulsée de l'école ce soir-même. Comme Papa l'avait prévu...
Cependant, la voix qui se fit entendre, au-dessus d'eux, n'appartenait à aucun professeur qu'Avis connût. Levant alors les yeux, elle reconnut Eilas Valdemar. Elle le connaissait pour être préfet de Serdaigle, et elle l'avait par plusieurs apperçu aux côtés de Warren. Les deux jeunes hommes devaient être amis. Avis ne savait pas si cela présageait une amélioration de sa situation. Inquiète, éblouie, elle le regarda échanger un regard de connivence avec son ami de Serpentard.

- Je... non ! Je... je venais sim-simplement voir des... des trucs, dit-elle en claquant des dents ; elle mourrait de froid et, soudain, de peur. Pour... pour ma cha-chasse aux tré-trésors... Sa voix mourut avant qu'elle eut terminé sa phrase.

Les yeux d'Avis se mirent à fixer le sol avec une telle intensité qu'on eut pu croire qu'elle désirait y creuser un trou par la seule force de son regard. Creuser un trou et disparaître... pour toujours... A nouveau, elle sentit ses jambes faiblir et sa tête lui tourner. Mais, avant de tomber évanouie, cette fois, elle s'accrocha à Warren, le tirant en avant. Elle regretta immédiatement son geste ; elle aurait préféré mourir que de subir le traitement qu'il allait certainement lui infliger, ensuite... Les larmes embuaient ses yeux.

- L'in-l'indice est là-là-bas... se reprit-elle tant bien que mal, pointant son doigt vers la surface immobile du lac. C'est une pierre peinte... Le-le chêne est dé-dessiné dessus...

Un vent de panique la prit soudain : elle ne maîtrisait pas de sortilège capable de détruire le caillou... Que diraient les deux préfets en constatant cela ? Il faudrait qu'elle se dépêche... qu'elle la jette dans le lac... Peut-être cela suffirait-il pour contenter Warren... Le beau Warren...
Alors, brusquement, elle alluma sa propre baguette et se mit à courir vers la rive. Dans une désorganisation désespérée, elle commença à chercher la pierre. Oh, comment allaient-ils la punir se elle ne la retrouvait pas ? Allez, Avis, concentre-toi ! Une pierre jaune avec un arbre dessus... elle ne peut pas avoir disparu... Derrière elle, elle entendit les deux jeunes hommes se rapprocher.

- Nous déranger, Eilas ? Jamais. Surtout quand tu tombes pile poil au bon moment, assura t-il en lui esquissant un sourire amusé.

Le préfet de Serdaigle était son ami depuis la première année. Warren n’appréciait pas la mentalité des autres en dehors des Serpentard, et pourtant, Eilas faisait partie de ces rares personnes qu’il tolérait. Son tempérament s’approchait du sien et, surtout, ils avaient tout deux un goût prononcé pour le pouvoir. Quand le garçon évoqua les sirènes, Warren tourna immédiatement son regard vers Avis. Sa remarque était tout à fait pertinente. Des indices mal cachés, peut-être ensorcelés, pouvaient perturber l’eco-système du château. Warren vit rouge. Il grinça des dents tandis qu’Avis, l’air faible, le tira soudainement vers le bord du lac. Elle le lâcha et, telle une vieille demeurée, finit par chercher le mystérieux indice : une pierre jaune.

- Elle est vraiment pitoyable, commenta Warren en s’adressant à Eilas.

Il croisa les bras et observa la jeune fille.

- Ca fait une bonne heure que j’essaie de comprendre ce qu’elle fabrique. Apparemment, elle a décidée d’organiser une chasse aux trésors… clandestine. Une chasse aux trésors clandestine !

Le Serpentard finit sa phrase en explosant de rire, un rire à la fois moqueur et nerveux. Moqueur car il fallait bien l’avouer, Avis était pitoyable. Nerveux pour la simple et bonne raison que, à quelques minutes près, son ami aurait pu le découvrir en train de la caresser. Et ça, il n’avait pas spécialement envie que ça se sache. Le garçon avait pour habitude de lui raconter pas mal de choses intimes, mais il n’était pas tout à fait au courant de ses dérives…

- Tu nous mens, miss Pryce, lâcha t-il d’un ton sec. Il n’y a rien par ici. Glacius, murmura t-il en levant sa baguette en l’air. Un léger voile s’en échappa, épousant et glaçant un large périmètre de la surface du lac.

Il s’approcha alors d’elle, invitant Eilas à s’approcher également, l’air amusé.

- Au fait, Eilas, tu sais pas quoi ? Miss Pryce voulait s’enfuir quand je l’ai surprise à l’entrée du parc tout à l’heure… Et tu connais, tout comme moi, les conséquences d’un délit de fuite.

Tant qu’à prendre un malin plaisir à rabaisser la jeune fille, Warren n’hésitera pas à mentir et surenchérir. Après tout, il était en total position de force.

- Et en plus de ça… ça veut détruire l’éco système de Poudlard ? Ca commence à faire beaucoup, Miss Pryce. finit-il dans un petit ricanement. Et, un sourire narquois aux lèvres, il regarda l’étendue de glace un petit moment avant d’observer avec insistance Avis.

Miss Pryce...

Gryffondor. Quand pourraient-ils enfin comprendre que leurs actes teintés de bravoures ne sont que des fardeaux, des épines dans le pied ferme et fixe de la grande roue de la sécurité, de l'harmonie et du bien-social ? Sûrement jamais. Le temps passait, de nouvelles têtes débarquées et Eilas retrouvait régulièrement dans ces enfants, cette toxique perle lumineuse les poussant à enfreindre le règlement, à se donner en spectacle pour combler un vide creusé par leurs géniteurs. Le ton incertain et les claquements de dents teintaient dans son crâne comme une insoutenable mélodie moldus en vogue. Avis mourrait de froid et pourtant elle ne prenait même pas la peine de se réchauffer, tirant avec elle, dans un élan de désespoir, le préfet de Serpentard.

Toujours perché sur son balais, le garçon jugeait la triste scène qui se déroulait sous yeux. Les commentaires acerbes de Warren rendaient la chose plus amusante, ils étaient d'une effroyable sincérité et objectivité, il rejoignait son ami sur de nombreux points : Miss Pryce était pitoyable.

— « Une chasse aux trésors clandestine... Comme c'est triste. » lança-t-il dans un soupir, tandis que son ami riait aux éclats face à la pitoyabilité du jeu. Ne perdant pas plus de temps face à l'attente insoutenable qu'enfantée délibérément la Gryffondor, le jeune serpent glaça un large périmètre du lac. « Je pense aussi que tu nous mens et surtout, je vois pas l'intérêt de cacher un pauvre petit caillou ici. Autant chercher une larme dans l'océan ! » Finit-il plus sèchement tandis que son balais s'approchait de la demoiselle.

Le jeu ne toucherait jamais à sa fin et Eilas, intimement convaincu que sa présence ici n'avait pour autre objectif que nuire à la présence de la faune locale, comptait bien tirer le vrais du faux. Ses pieds étaient à hauteur du visage de la belle, se penchant légèrement au dessus d'elle, il reprit :

— « Si t'avais rien à cacher, t'aurais pas essayé de t'enfuir ! » Sa main saisit le poignée frêle et mince de sa camarade. Son balais s'élança légèrement, les pieds de la gamines pouvaient toucher le sol mais élançait, elle était obligée de courir pour garder le rythme et ne pas tomber. Il finit par la lâcher maladroitement sur la glace, grâce à la vitesse prise, elle glisserait sûrement sur quelques centimètres avant de s'arrêter. « Puisque t'as envie de faire la fête avec les sirènes, va les voir maintenant ! Je suis sûr qu'elles vont adoré que tu les réveilles pour une histoire de caillou peint. »

Agitant sa baguette, un double de lui même apparut à quelques mètres d'Avis, plus loin encore sur le lac. Le sortilège Reflo était vraiment amusant, mais l'heure il servirait à la punition de la jeune lionne. Regagnant le large à l'aide de son balais, il s'approcha de Warren et s'écria :

— « Marche jusqu'à mon double ! Et réfléchis à ce que tu vas lui dire, peut-être que la vérité te reviendra entre temps ! » Il tourna son regard vers son ami. « Au moins comme ça elle comprendra peut-être qu'il faut pas se promener quand le couvre feu est tombé. Ca lui servira de leçon au pire si elle tombe dans l'eau... Arf... D'ailleurs, c'est elle qui a eu cette idée ? Ou tu sais qui a organisé ça ? Ca se trouve on a d'autres élèves qui font les abrutis dans le château... »

La soirée promettait d'être longue et fastidieuse, heureusement pour lui il pourrait compter sur le soutient éternel de son ami, les heures défileraient plus rapidement.

Alors que, désespérée, Avis s’était agenouillée pour retourner mille et un cailloux, elle sursauta en entendant Warren la traiter de menteuse. Ses yeux commençaient déjà à s’embuer de larmes quand un souffle glacé lui fit tourner la tête. A côté d’elle, de très légers craquements se faisaient entendre tandis que la surface du lac se gelait. Apeurée, elle regarda les deux garçons sans oser bouger, ni même penser.
La jeune fille s’était lentement redressée, bien consciente qu’il lui était désormais inutile de chercher ce maudit caillou, car ni Warren, ni Eilas ne semblaient plus s’y intéresser. Warren continuait de parler, et, pire encore, il mentait.

- Mais… non ! Warren ! Je… ses mots furent étouffés par un sanglot.

Pourquoi voulait-il aggraver la situation ? N’avait-elle pas déjà assez été humiliée ? Avis inspira profondément pour se calmer, prête à reprendre la parole pour se défendre. Mais Eilas, qui avait manqué de lui asséner un coup de pied sur la tempe, lui saisit le poignet ; il semblait convaincu par ce que son collègue de Serpentard racontait.

- Je… ne… Je ne voulais pas m’enfuir ! Je… même pas ! … devant le chêne, c’est tout ! voulut-elle protester.

Mais, avant de comprendre ce qui lui arrivait, Avis sentit une vive douleur dans son bras, qui s’étendit bientôt à tout son corps, et particulièrement son visage. Eilas venait de la projeter en avant, sur le lac gelé, et elle avait atterri en se heurtant le nez puis le front sur la glace. Trop choquée pour émettre le moindre son, le moindre pleur, Avis se releva avec précaution, tenant son bras endolori contre elle. Plus loin sur la patinoire qu’était devenue l’eau, un double d’Eilas était apparu.
Prudemment, elle mit un pied devant l’autre sans quitter la surface gelée des yeux – la glace était-elle assez épaisse pour avoir supporté l’impact de sa chute, et maintenant son poids ? Toutes les sensations de son corps, assourdies par la brutalité de sa glissade impromptue, lui revinrent soudainement : elle était transie de froid et ses membres se mirent à s’agiter incontrôlablement sous de violents frissons. Claquant des dents, elle s’approcha avec prudence du double du Serdaigle.

- Ei… Eilas ? interrogea-t-elle, incertaine de la façon dont on devait s’adresser à une illusion. Qu’est-ce… qu’est-ce que j-j-je d-d-dois faire, main-maintenant ? demanda-t-elle anxieusement.

Avis se sentait ridicule. Elle s’était sentie ridicule depuis que Warren l’avait trouvée, mais elle sentait à présent les regards moqueurs des deux jeunes hommes sur elle, elle entendait leurs rires assassins. Pitié, faites que ça s’arrête… Tout ce à quoi elle aspirait, c’était de retrouver la chaleur de son dortoir, et de disparaître plusieurs heures, voire jours, sous ses draps, faire diminuer sa honte en se faisant oublier. La glace se rompit soudainement, émettant un craquement effrayant. Dans un réflexe désespéré, irréfléchi, Avis hurla en agitant sa baguette vers le haut.

- Periculum !

Une gerbe d’étincelles rouges monta dans les airs, alors même que la main d’Avis se faisait engloutir par les eaux glaciales du lac. Sous l’eau, au moins, elle n’entendait plus leurs voix. Elle n’entendait plus rien. Elle ne ressentait plus rien, à part la brûlure du froid.

Les yeux envoutés par la délicieuse scène qui se déroulait, Warren ne pouvait s’empêcher de rire, un rire sadique qui faisait écho sur l’étendue du lac. C’était un bonheur inqualifiable que d’observer une insolente se faire traiter tel un vulgaire elfe de maison.
Certes, Eilas a toujours eu de bonnes idées, mais à cet instant, Warren vit en lui le plus grand des sorciers. Quand il la traina sur la surface du lac gelé, le Serpentard faillit s’étouffer tant la chute d’Avis était exquise. Il vit son frêle corps frôler le sol sur plusieurs mètres, la peau de son visage très probablement brûlée par la glace.

- Tu es brillant, Eilas, lâcha t-il tandis que son ami revenait, laissant derrière lui son double. S’il y avait un festival de cinéma sorcier à Poudlard, le châtiment d’Avis aurait sans aucun doute été nommé aux oscars... Ah ah... Et puis de toute façon elle n’a jamais rien compris… Le couvre-feu, tout ça, c’est pas dans ses cordes. Ouais je crois qu’il y a d’autres élèves qui…

La détonation qui retentit le stoppa net. Ses yeux se transformèrent en deux cognards - l’idiote de Pryce venait de signaler sa localisation en utilisant un sortilège d’urgence. Warren pinça sa lèvre inférieure et se retourna instinctivement vers Eilas.

- C’est… Quoi… Cette idiote, balbutia t-il en observant ensuite la gerbe d’étincelles rouge gagner davantage le ciel obscur.

Et c’est à ce moment-là qu’il perdît le contrôle. Pris d’un hoquet, il découvrait avec surprise la descente aux abysses d’Avis engloutie par les eaux glaciales. Instinctivement, il pointa sa baguette vers le ciel et, c’est dans un souffle qu’il murmura : « Finite ». La pluie d’étincelles s’affaiblit alors, laissant place à un léger halo rouge. Avis venait de signaler un état d’urgence, cela signifiait qu’il fallait quitter les lieux. Y rester serait un trop grand risque : si un membre du personnel venait à découvrir la scène, son rôle de préfet serait mis en cause - et peut être même sa place au sein de l’école.

- Eilas ! Vite, il faut la sortir de l’eau, c’est vraiment pas bon… Je te jure, sors la de l’eau, je…. Comment on va faire… Cette idiote, je suis un Sang-Pur, je... Sors la de l’eau, je vais lui montrer ce qu'un Sang-Pur...

Il ne réussit pas à terminer sa phrase, pris de panique, il poussa son ami dans le lac. Même s’il aurait préféré la laisser se noyer et se faire dévorer par des êtres de l’eau, il savait très bien que ce serait de la folie. Le signal était lancé, peut-être que le directeur était déjà en route. Jamais personne à Poudlard ne lançait le Periculum…

- EILAS, FAIS LE ! ordonna t-il en pointant sa baguette magique vers là où Avis se noyait. Son regard était presque menaçant, et, une fraction de seconde, une voix lui murmurait de s'enfuir...

Miss Pryce...

Les rires communiquant de son ami le rendirent tout aussi hilare, admirant dans la plus majestueuse cruauté avec quelle peine Avis s'était écrasée face contre glace. Sûrement se souviendrait-elle longtemps de cette petite soirée au clair de lune, dans tous les cas, aussi fiers pouvaient être les Gryffondor, elle, elle ne s'amuserait pas de si tôt à enfreindre à nouveau le règlement.

« J'adore l'idée Warren, j'imagine déjà cette pauvre Avis couverte d'hématomes monter sur la scène pour récupérer son trophée de la plus magnifique cruche empotée du monde sorcier... »

Mais ni l'un ni l'autre n'avait pu terminer leur phrase, une détonation et un halo rouge vif les stoppa net, attirant leur regard et leur attention. Qu'avait fait cette sombre crétine ?! Elle était tombée dans l'eau gelée du lac et dans sa frayeur, avait déclenché le sort de l'urgence, celui qui risquait d'attirer professeurs et autres préfets sur les lieux. Warren, malgré la panique, annula le sortilège rapidement, fort heureusement pour eux, mais dans l'angoisse de voir la Gryffondor se noyer, il interpella Eilas pour qu'il réagisse, la sorte de ce pétrin et surtout, leur évite d'impitoyables sanctions. Le Serdaigle, stressé et irrité par l'attitude borderline de son camarade l'ayant poussé, lui rétorqua sur un ton tout aussi sec et sévère :

« Oui ça va Warren ! Fait pas chié je vais la chercher ! »

Dix secondes pour atteindre les 100 Km/h, c'est le temps qu'il lui fallu pour parvenir juste au dessus de la crevasse créée par le corps, pourtant mince et frêle, de la gamine. Agitant sa baguette et prononçant « Incarcerem », de la corde jaillit du bout de sa baguette, une extrémité s'entoura autour du poignet d'Eilas tandis que l'autre s'enroula puissamment et rapidement autour des hanches d'Avis.

Tout aussi rapidement il l'extirpa des profondeurs boulimiques du lac, l'entraînant plus loin encore dans le parc, à l'abri de tout regard, après avoir fait signe au Serpentard de les suivre. Il la déposa plus ou moins comme une brute, gesticulant une nouvelle fois sa baguette, il faisait s'amasser des bout de bois, le sortilège « Waddiwasi » lui conférait une vitesse d'action inestimable. Il alluma l'amas à l'aide d'une torche jonchant à quelques mètres d'eux, le feu prit instantanément et il acheva ses actions par un « Finite Incantatem » plongeant entièrement le parc dans la plus grande obscurité.

Plus aucune torche ne les éclairé, seul le feu de bois conférait un minimum de luminosité et servait uniquement à réchauffer cette pimbêche d'Avis, sûrement frigorifiée et au bord de l'hypothermie. Elle était consciente, fort heureusement pour eux. Descendant avec virulence de son balais, il se dirigea dans une frénétique hâte vers celle désirant les faire virer de Poudlard et dans un mouvement sec et ferme, sa main claqua amoureusement la joue trempe et pâle de la Gryffondor. Un claquement fit écho, Eilas était extrêmement furieux :

« Mais t'es malade ou quoi ?! Tu veux nous faire virer Avis hein ? C'est ça avoue ! T'avais envie de prévenir tout le château espèce de folle ! Comme si on allait te laisser crever dans le lac, tu nous prends pour qui sérieusement ?!!! » Il faisait les cent pas devant elle. Complètement excédé, fou à cause de la situation prenant une ampleur gravissime. Elle pouvait ruiner leur avenir en agissant de la sorte, y avait-elle seulement songé ? Sa main se leva une fois encore et la gifla. « Réponds !!!! »

Son ami était là, Eilas espérait qu'il prenne en main la situation, ne sachant même plus quoi faire, tiraillé entre l'envie consumante de blesser la belle jusqu'à l'agonie ou la laisser ici et aller se coucher.

Avis se faisait engloutir, les ténèbres du lac la rendaient aveugle et l'eau glaciale s'immisçait inexorablement dans sa bouche, inondant ses voies aériennes ; bientôt, elle se noierait, muette et incapable de se sauver. Seule. Elle mourrait seule, comme il se devait, il n'aurait pas pu en être autrement. Elle serait oubliée là, dans les profondeurs, disparue à tout jamais, rapidement effacée de la mémoire de tous.
Elle était prête à accepter cette destinée, qui lui semblait avoir toujours été tracée pour elle, mais quelque chose s’enroula autour de ses hanches, l'enserrant violemment, brûlant presque sa chair. Une corde... Oui ! Une corde ! On allait la tirer de là, la secourir ! Elle ne mourrait pas. Pas ici, pas ce soir, pas encore.
Recouvrant brutalement son souffle, Avis ne porta pas d’attention à autre chose que l’air, cet air si délicieux qui s’engouffrait à nouveau dans ses poumons, lui insufflait la vie en brûlant tout sur son passage. Quand elle reprit pleinement conscience, elle était avachie sur un sol froid, devant une espèce de feu de camp improvisé, allumé par la magie. Tout le reste du parc était désormais plongé dans le noir, et la jeune fille pouvait apercevoir deux ombres qui s’agitaient, non loin d’elle.
Soudain, la silhouette d’Eilas se détacha de l’obscurité, il paraissait furieux, et se déplaçait à une allure proche de la course. Avis eut à peine le temps de le reconnaître que, déjà, il lui assénait une gifle qui la fit tomber sur le côté. Les cailloux qui se trouvaient là, quand elle réceptionna sa chute de ses mains, lui éraflèrent les mains. Choquée, elle resta là, à regarder le sol, tandis que le Serdaigle l’incendiait.

- Je… je suis dé-désolée, Ei-Eilas… dit-elle en se mettant à sangloter. Je-je n’ai ja-jamais vou-voulu vous f-faire vi-virer… J-jam-mais !

Avis ne comprenait pas réellement ce qu’il voulait dire par là, mais elle sut que la réponse qu’elle lui avait donnée ne l’avait pas satisfait car il la gifla une seconde fois. Elle ne prit même pas la peine d’amortir le choc et bascula vers l’arrière. L’éclair de douleur qui la traversa lui rappela la panique qui l’avait saisie, quand elle avait sombré dans le lac. Periculum…

- Je… je n’ai p-pas vou-voulu… Ses pleurs étaient incontrôlables. Qu’avait-elle fait ? Dans quels ennuis les avait-elle attirés ? Ça… ça a été un… un ré-réflexe… J-je ne voul-voulais pas... Pe-personne n’a dû… le re-remarquer… Qu-quelqu’un se-serait déjà… déjà venu...

Oh, comme elle espérait avoir raison. Que leur arriverait-il, sinon ?

La peur de se faire surprendre par un membre du personnel s'apaisa lorsque Eilas, d'une manière brutale, extirpa la jeune fille de l'eau. Après avoir traversé en balai une partie du parc, le Serdaigle lâcha Avis au sol telle une vieille goule.
C'est avec un air hystérique - qui n'annonçait rien de bon - que Warren courut derrière eux, vociférant des insultes en tout genre.
A son arrivée, il n'eut qu'une seule envie : lancer des maléfices en pleine poitrine à Avis. Mais son ami aux cheveux bleu, tout aussi furieux, prenait à malin plaisir à lui claquer ses grosses joues. Cela n'allait rien arranger à son état : Avis saignait du nez et de bonnes lacérations animaient son visage terrorisé.

- Continue, Eilas, continue... encouraga le Serpentard, le regard noir.

Si Eilas était un animagus, il aurait été un anaconda. Prendre ce malin plaisir à serrer fort la jeune fille jusqu'à tordre toutes ses articulations, briser ses os, l'étouffer et l'engloutir afin qu'elle disparaisse à tout jamais. C'était exactement ce qu'il ressentait : de la rage. Il fallait faire quelque chose.

- Un réflexe... Un réflexe ? Sombre idiote, vociféra t-il en s'approchant, ses bottes en cuir frôlant la tête de la fille. Valdemar a bien raison, tu veux nous faire virer, hein...

Même si Warren ne voulait rien entendre, elle avait raison sur un seul et unique point : quelqu'un serait déjà venu, aussi vite que le sortilège avait apparu. Il a très sûrement été trop faible pour attirer l'attention de gens endormis. Ce n'est pas étonnant, se dit Warren en crachant à côté de la tête d'Avis.

- Poudlard a bien changé. Les élèves ne sont plus ce qu'ils étaient à l'époque de mes parents, dit-il d'un air à la fois grave et menaçant. Tu comprendras maintenant que toute organisation clandestine est interdite dans l'enceinte de l'école. Oublie cette chasse aux trésors, elle ne vaut plus rien. Si on entend la moindre des choses te concernant... Warren se retourna un bref instant pour voir si personne ne s'approchait. Il inspira profondément puis continua : Si on entend la moindre des choses... Je t'assure, miss Pryce, on t'exclue d'ici et tes parents apprendront bien des choses sur toi.

Il n'avait aucune idée de son impact sur le système scolaire et les exclusions d'élèves. Mais le jeune homme se persuadait d'avoir plus de chance que les autres, car, il fallait l'avouer, un poste de préfet apportait des avantages... comme bien se faire voir par le directeur.

- Compris ? finit-il en posant le bout de sa baguette magique sur le crâne d'Avis, un regard sournois posé sur les yeux cyan d'Eilas.

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Miss Pryce, miss Pryce, miss Pryce...

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