- Tu as intérêt à ne plus trainer par ici, Billy, lâcha Warren d’un ton sec.

Alors qu’il le laissait sans aller, il prit soin de cracher à ses pieds. Personne n’avait l’autorisation ni même le droit de trainer autour du manoir Sheffield, et encore moins des individus de la sorte. Les Sheffield avaient l’habitude de traiter leur voisinage comme de vulgaires rats. Après tout, les Ashton n’avaient rien d’une famille de sorciers exemplaire. Tous des consanguins de sang de bourbe, comme disait le père Sheffield. Sang-Pur, Warren portait ses parents et sa soeur dans son coeur, et quiconque osait s’approcher de leur demeure serait mal reçu. D’autant lorsqu’il s’agissait de vulgaires pseudo-sorciers qui n’avaient jamais fait leur preuve dans le monde de la magie.

Warren avait de la chance de ce côté là. Ses pouvoirs sont apparus très tôt, vers l’âge de six ans, alors qu’il réussissait à chauffer la théière de grand-mère d’un seul clin d’oeil. Depuis, il grandit avec les valeurs classiques d’une riche famille de Sang-Pur : le respect des règles, l’argent sorcier, la famille, la fierté d’être soi-même et surtout, un goût prononcé pour le mépris de ce qu’il ne leur ressemblait pas.

C’était dans ce manoir londonien à trois étages, héritage d’une longue lignée, que Warren a grandi et passé la plupart de son temps, entre préparation physique aux maléfices, concoction de petites potions et autres recherches botaniques. Cela consistait à organiser des ateliers pratiques dans les sous-sols avec l’aide de son oncle, sorcier membre du Ministère de la Magie, jusqu’au jour où il finit par recevoir la fabuleuse lettre d’acceptation à l’école de sorcellerie et de magie Poudlard. Si au départ ses parents envisageaient de l’envoyer à l’autre bout du globe, dans une école de magie américaine, ils finirent par revenir sur leur décision. Après tout, c’était dans cette école anglaise que la plupart des Sheffield avaient suivi leur scolarité, dans la maison de Serpentard - et un seul oncle chez Poufsouffle, depuis renié par l’intégralité de la famille. Car, en effet, quiconque irait ailleurs qu’à Serpentard ne serait pas digne d’être un sorcier exemplaire. Warren n’avait d’ailleurs aucune crainte au sujet de la répartition. Le jour-J, lorsque le Choixpeau fut déposé sur ses cheveux mi-longs, déjà colorés d’un bleu azur, il ressentit un profond sentiment de fierté qui ne l’a jusque là pas quitté une seule seconde. Chaque jour passé dans la salle commune de Serpentard est un honneur, le blason argenté orné d’un « Préfet » symbolisant son ascension social.